Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Pierre Laporte

Blog politique d'informations et d'échanges d'un élu conseiller départemental et maire-adjoint de Tremblay en France en Seine St Denis. Blog basé sur la démocratie participative. Chantier ouvert sur l'avenir de la Gauche.

Nous avons besoin d'une salle de consommation en Seine-Saint-Denis

Publié le 27 Juin 2018 par Pierre Laporte

Je reproduis ici un article du journal Le Monde, qui fait le point sur les projets de Salles de Consommation à Moindres Risques. J'y défends le projet d'une Salle dans l’hôpital Ballanger, afin de répondre au double enjeu sanitaire, de la réduction des risques, et des nuisances sociales liées à la situation actuelle.

 

Le difficile « an II » des salles de consommation à moindre risque

Les nouveaux projets doivent impérativement entrer en service avant octobre 2019. Mais en Ile-de-France comme à Bordeaux ou à Marseille, les dossiers patinent.

LE MONDE | 27.06.2018 à 06h36 • Mis à jour le 27.06.2018 à 07h50 | Par François Béguin

 

 

Dans quelle ville la troisième salle de consommation à moindre risque (SCMR), qualifiée de « salle de shoot » par ses opposants, finira-t-elle par ouvrir ses portes ? Alors qu’un collectif de riverains tenait pour la première fois, mardi 26 juin, une conférence de presse pour se plaindre des nuisances générées selon lui par celle de Paris, inaugurée il y a dix-huit mois, peu avant celle de Strasbourg, des nouveaux projets émergent en Ile-de-France, notamment liés à la forte hausse du nombre de consommateurs de crack. Dans le même temps, la salle de Bordeaux, dont l’ouverture avait été annoncée pour le début de l’année, enregistre un sérieux contretemps.

 

 

Or l’horloge tourne. La loi votée en 2015 prévoit que l’expérimentation de ces salles est possible pendant six ans à partir de la date d’ouverture de la première d’entre elles. Leur durée de fonctionnement ne doit par ailleurs pas être inférieure à trois ans. Sauf à modifier les règles actuelles, les futures salles devront donc impérativement entrer en service avant octobre 2019. Et les élections municipales qui doivent se tenir en 2020 pourraient dissuader certains élus de se lancer.

 

 

Officiellement, ce n’est pas ce qui se vient de se passer dans la ville d’Alain Juppé. Alors que le dossier semblait très avancé, le projet est pourtant sérieusement encalminé, faute du feu vert de la mairie. Celle-ci s’oppose à la fois au mode de pilotage et au lieu d’implantation retenus par l’Agence régionale de santé (ARS) et les associations d’aide aux toxicomanes.

« On nous a proposé que la salle s’installe dans l’enceinte de l’hôpital Saint-André, dans le centre-ville, mais on aurait préféré que ce soit à l’hôpital Charles-Perrens, plus à l’écart, moins proche de la population et des commerçants », explique Nicolas Brugère, adjoint à la santé. « On est parti pour une localisation qui n’est pas la bonne, avec une organisation qui n’est pas la bonne », dit-il. Ce désaccord repousse donc de façon significative la date d’ouverture du lieu. « On prend franchement du retard », assume l’élu, dans la mesure où il faudra encore « quatre à six mois de travaux » une fois qu’un site aura été trouvé. « Si on ne rentre pas dans la première expérimentation, on rentrera dans la deuxième », ajoute-t-il.

 

« Petites structures centrées sur le crack »

A Marseille, le projet est au contraire relancé. Après avoir approuvé puis refusé le principe d’une telle salle, le maire (LR) Jean-Claude Gaudin y est de nouveau favorable, « à condition que l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille accueille la structure », explique Patrick Padovani, l’adjoint à la santé, qui évoque le choix de l’hôpital Nord. Confiant, l’élu espère une ouverture de la salle « avant l’été 2019 ». « Ensuite, on rentre dans une période électorale, et ça va être compliqué », reconnaît-il. Pour lui, « Marseille a tergiversé alors que c’est la ville qui en a le plus besoin avec 5 000 à 7 000 injecteurs de rue ».

 

 

En Ile-de-France, des collectivités ou des acteurs sanitaires comme l’Agence régionale de santé, qui avaient jusque-là gardé le silence, se prononcent désormais en faveur d’une nouvelle salle. Le conseil départemental de Seine-Saint-Denis souhaiterait ainsi l’ouverture en 2019 d’une salle d’injection à l’hôpital Robert-Ballanger, au carrefour des villes de Sevran, Villepinte et Aulnay. « Il y a là-bas une file active de 200 à 400 consommateurs, on retrouve des milliers de seringues dans l’enceinte de l’hôpital », explique Pierre Laporte, le vice-président à la santé et au social au conseil départemental. « Nous pourrions prendre à notre charge une partie du budget », propose-t-il, espérant pouvoir rapidement obtenir sur ce projet un soutien plus net de l’ARS et des trois municipalités concernées.

 

 

A Paris, on réfléchit à une meilleure prise en charge des usagers de crack, qui ont fait leur apparition ces derniers mois dans le nord-est de la ville, essentiellement dans un triangle situé entre Gare du Nord, Stalingrad et la Goutte d’Or. Des usagers qui n’ont pas à accès à la salle à côté de la gare du Nord, réservée aux consommateurs de drogues dits injecteurs. « Une salle d’inhalation pour les usagers de crack à Paris et une supplémentaire pour la consommation par voie intraveineuse (…) ce ne serait pas du luxe mais une nécessité », a récemment fait valoir Anne Souyris, l’adjointe chargée de la santé. Elle dit espérer la mise en route d’une telle salle d’ici à 2019. Celle-ci pourrait être « mobile, afin de mieux aller vers les usagers et pour qu’il y ait moins de focalisations sur un lieu ».

 

 

Une position qui rejoint en partie celle des structures d’aides aux usagers de drogues. « Les moyens pour une ville comme Paris n’étaient dès le départ pas suffisants », estime Nathalie Latour, la déléguée générale de la Fédération Addiction, qui regroupe un collectif d’associations en contact avec les usagers, comme Gaïa, Aurore, Charonne, Groupe SOS. « Plutôt qu’une deuxième grande salle, il faudrait avoir plusieurs petites structures d’accueil, d’une dizaine de places, centrées sur le crack », plaide-t-elle, en estimant qu’environ 500 personnes toxicomanes « zonent » aujourd’hui dans le nord-est parisien faute d’espace d’accueil.

Commenter cet article