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Le blog de Pierre Laporte

Blog politique d'informations et d'échanges d'un élu conseiller départemental et maire-adjoint de Tremblay en France en Seine St Denis. Blog basé sur la démocratie participative. Chantier ouvert sur l'avenir de la Gauche.

Mon intervention au sujet du dépôt d'autorisations et de garanties au comité international olympique (cio) pour la candidature de paris aux jeux olympiques et paralympiques « paris 2024 », séance du 29 septembre 2016.

Publié le 3 Octobre 2016 par Pierre Laporte

Mon intervention au sujet du dépôt d'autorisations et de garanties au comité international olympique (cio) pour la candidature de paris aux jeux olympiques et paralympiques « paris 2024 », séance du 29 septembre 2016.

Jean-Michel Bluteau (LR):

"J'efface d'un trait les rodomontades que vous avez pu nous faire ces années passées lorsque nous vous donnions quelques pistes de restrictions budgétaires. J’oublie volontairement les réponses qui ont pu être prononcées quant aux efforts impossibles à poursuivre car on était, pour reprendre une expression de Daniel Guiraud, « arrivés à l'os ».(...) 67 millions d'euros pour des réalisations et aménagements pérennes au service, à terme, de nos habitants, seront à trouver dans les années qui viennent. Nous pouvons le faire, nous devons le faire."

"Eh bien, Monsieur Bluteau, voilà le mouton noir qui arrive !

Je vous félicite pour votre intervention. Je vais reprendre en blanc ce que vous avez dit en noir parce que vous avez fait une très bonne intervention, vraiment, je vous félicite!

Je voudrais souligner qu'on nous dit : « Oui au sport… les valeurs du sport…, etc. » Je suis tout à fait partisan de cela.

On nous explique aussi que les investissements, on ne pourrait pas les faire s'il n’y avait pas les JO. Ça m'interpelle quand même. S'il n'y a pas de JO et si on ne les obtient pas, on ne fera pas d'investissements ? Mais c'est quoi, ce raisonnement ?

Ce qui m'inquiète, ce n'est pas le sport, mais les Jeux olympiques tels qu'ils sont aujourd'hui. Avant les vacances dans cette enceinte, nous parlions de l'exemple de Londres en disant : « On a su faire ceci… cela… », mais l'exemple de Rio, hein?! La seule chose réussie à Rio, selon moi, c'est la retransmission des jeux handisport. Mais pour ce qui est du rapport à la population, les dépenses colossales, les bâtiments non terminés, les bénéfices pour les multinationales et pas pour les gens, ... Si on regarde le bilan, il n'est quand même pas très bon et je ne parle même pas du prix pour assister au spectacle pour les populations locales.

Et puis cette organisation opaque qu'est le CIO. On parle de la FIFA mais le CIO, il y aurait beaucoup à en dire aussi.

On prête les vertus du sport à une organisation qui a peu de vertus. Tout cela me contrarie donc, d'autant plus que je comprends la position qu’a prise mon groupe, c’est-à-dire : « On vote pour car nous voulons ces aménagements, nous voulons une fête du sport, que la Seine-Saint-Denis soit mise en avant, etc. ».

Je le comprends d'autant que notre groupe a précisé qu'il serait attentif aux dérives et au risque sur la non-participation de la population, aux tarifs, à l'éloignement des populations pour laisser la place à la spéculation immobilière à l'occasion des Jeux, et j’entends tout cela. C'est pour cela que j'ai voté en abstention sur la délibération de mai 2015 relative à la participation de la Seine-Saint-Denis à la candidature de Paris.

Je rappelle aussi que mon groupe, à ce moment, avait dit qu'il refuserait que les communes et le conseil départemental soient sollicités financièrement pour ces travaux. C’était notre position.

Aujourd'hui, il nous est demandé de prendre 67 millions d'euros sur le budget départemental, vous avez raison de le préciser, sur le budget de fonctionnement.

Et ce, alors que la politique actuelle du gouvernement entraîne une baisse d’environ 70 millions d’euros de la DGF à l’horizon 2017, que la dette de l’État cumulée est de 1,7 milliards, soit plus de 160 millions que le Département prend de ses recettes propres pour financer les allocations nationales qui ne sont toujours pas renationalisées – je l’avais d’ailleurs dit lors d'une précédente séance : ni la droite ni le gouvernement n’ont intérêt à renationaliser… On nous a baladés avec cette proposition !

Je voudrais quand même intervenir sur les effets de ces coupes sur les services publics et de celles qui vont être encore faites pour les investissements des JO :

c'est une diminution de notre soutien au secteur associatif, aux communes (rappelez-vous de notre grand débat sur le financement des crèches), aux usagers eux-mêmes, en diminuant les enveloppes des prestations que nous octroyons ou en durcissant les conditions d'accès à celles-ci.

Des conséquences se mesurent en termes de postes vacants non remplacés. C'est là où je reprends votre intervention sur les coupes. On les fait où ? Eh bien, on les fait là, sur la population.

Et je dirai que c'est un cercle vicieux parce qu’on ne résout pas la question du chômage, le RSA se développe, la demande d'aides sociales est de plus en plus importante et il y a de moins en moins d'agents pour y répondre. Il faut ajouter à cela que les services publics désertent le territoire, que ce soit la CAF, la CPAM, La Poste. On ferme et on éloigne les services publics des populations.

C'est grave. D'ailleurs, le Défenseur des droits, Jacques Toubon, a publié hier une étude sur les services en ligne de la Caisse Nationale d'Assurance Maladie, de Pôle Emploi et de la Caisse Nationale des Allocations Familiales, qui souligne que le remplacement des agents au contact de la population par l'outil informatique et la relation par Internet, accroissent la fracture numérique et ceux qui la payent, ce sont les plus pauvres.

Regardez cette étude. Elle est très édifiante. Je ne souhaite pas que le Département s'oriente vers cela. Nos services publics ne peuvent pas se transformer en centres d’appels ou en plateaux techniques informatiques gérés depuis l'étranger.

Je voudrais donner un dernier exemple. À l'issue d'une journée de travail sur la prévention de la radicalisation, il apparaît que sur les 2 000 signalements en France, 900 proviennent de la Seine-Saint-Denis. Pour s’engager, il nous faut des moyens et des outils : or nous ne disposons pas de ces moyens d'autant plus que la Région a décidé de diviser par quatre son budget de prévention, ce qui posera de gros problèmes à la Mission Métropolitaine de Prévention des Conduites à Risques mais aussi à l'espace d'accueil et d'écoute Tête-à-tête.

On ne peut pas avancer de grands discours sur la prévention sur les dangers de ruptures sociales pour ensuite couper les moyens.

Voilà le contexte dans lequel je veux replacer cette discussion.

Une priorité politique est ici donnée à l'investissement, mais au détriment du fonctionnement de nos services alors que nos territoires ont besoin de davantage de services publics efficaces.

Tout cela vous éclaire sur le sens de mon vote.

Je vous remercie."

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