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Le blog de Pierre Laporte

Blog politique d'informations et d'échanges d'un élu conseiller départemental et maire-adjoint de Tremblay en France en Seine St Denis. Blog basé sur la démocratie participative. Chantier ouvert sur l'avenir de la Gauche.

compte rendu de l'université d'ATTAC

Publié le 3 Septembre 2008 par pierre laporte in Créer une nouvelle force politique à gauche

COMPTE-RENDU DE L'UNIVERSITE D'ETE D'ATTAC TOULOUSE Août 2008

Ce compte-rendu partiel s'appuie sur les remarquables exposés en séances plénières de Susan George, Sophie Zafari, Gus Massiah, Geneviève Azam, Pierre Khalfa, Jean-Marie Harribey, Eric Toussaint notamment...

L'Université d'été d'ATTAC à Toulouse les 22-26 août 2008, qui a réuni 1200 participants, a abordé essentiellement les quatre crises qui se conjuguent actuellement et se nourrissent mutuellement :

- crise climatique et écologique
- crise financière
- crise sociale
- logique de guerre

Ces 4 crises sont directement générées par la domination planétaire du capitalisme mondialisé et financiarisé, qui plie les Etats sous sa loi et à laquelle ils se rallient de plus en plus.Le capitalisme détruit la planète, habitacle commun de l'humanité, et soumet celle-ci à une spirale d'expropriation, de paupérisation, d'exploitation, de concurrence de tous contre tous et de guerre sous des formes nouvelles (guerre externe, guerre interne et mise en place d'une société sécuritaire et militarisée, même dans nos démocraties)

Il en résulte qu'il y a dans l'altermondialisme, qui a dix ans, une difficulté due non pas à son affaiblissement ou à son déclin, mais à l'extension du domaine de la lutte contre toutes les formes de domination, et à la nécessité de construire un cadre permanent large, ouvert, inclusif, pluriel, à l'échelle nationale et internationale. Il y a en même temps un basculement de pans entiers du mouvement syndical, associatif, citoyen dans la critique du libéralisme qui est délégitimé. Mais il en résulte que ce capitalisme mondialisé se durcit et recourt à une militarisation rampante de nos sociétés, et de plus en plus à la guerre, pour maintenir sa domination et son accaparement des ressources de la planète, au moment où des ressources clés s'avèrent non renouvelables ou en voie d'épuisement.

Il y a plusieurs niveaux de résistance et de construction d'alternatives :

- le niveau local, où il y a des possibilités d'alliances stratégiques avec des municipalités ou collectivités territoriales
- le niveau des entreprises, où se pose la question de la démocratie et des droits sociaux
- le niveau national, difficile, car on ne peut construire les alternatives en dehors de ces formes nationales, mais on ne peut s'en contenter
- le niveau des grandes régions, où des mouvements peuvent se construire (ex de l'Amérique Latine)
- le niveau mondial, où il faut reprendre nos grandes batailles frontales telles que contre le G8, l'OMC, etc (et où nous avons marqué quelques points depuis Seattle)

Nous avons développé des luttes de résistance, mais on a des difficultés à les inscrire dans un mouvement plus global, car il s'agit à présent de s'affronter directement à un système global.

Les FSM sont des étapes clés de la construction d'alternatives, mais n'ont pas encore été assez productifs sur ce plan. Ils doivent être plus tournés vers la construction d'alternatives communes ; il nous faut bâtir des coopérations renforcées (non pas une seule action pour tous), inventer de nouvelles formes du politique, et des formes d'articulation entre mouvements, syndicats, institutions, partis politiques et certains gouvernements alliés (sur des objectifs précis, et non pas sous la forme d'un soutien inconditionnel).

Susan George propose de se servir de la crise financière (qui impose aux Etats un certain retour à du keynésianisme ou à des nationalisations - celles des pertes) pour résoudre la crise écologique, en imposant un contrôle du système financier et en l'obligeant à investir massivement dans la résolution de la crise écologique.

Le pari d'ATTAC en France et en Europe est de construire un espace citoyen sur un périmètre qui dépasse le cadre national, même s'il l'intègre, car le rapport au politique ne se réduit plus au rapport à la nation (les Etats sont réduits à être encore plus au service du capital, et réduisent à leur tour l'espace d'exercice de la citoyenneté).

Dans un tel mouvement, qui doit s'instruire des échecs des mouvements d'émancipation précédents dont le mouvement ouvrier, il faut prendre en compte la diversité du monde, bâtir un mouvement divers et pluriel, où le prolétariat ne sera plus le sujet unique de la transformation, même s'il doit y prendre part. Le syndicalisme a en effet un rôle majeur à y jouer, à condition de sortir du particularisme de ses luttes pour mettre son expérience au service de valeurs universelles. Nous voulons aussi procéder par agglutination et non par définition d'une seule ligne dogmatique et son application hiérarchique

L'objectif est d'organiser les sociétés à partir de l'égal accès aux droits et aux biens communs pour tous. Il s'agit d'un mouvement historique, mais aussi de long terme, et qui n'en est qu'à ses débuts. En même temps, il y a urgence.

Des campagnes coordonnées doivent être menées, pour le contrôle des marchés financiers, pour une Europe sociale, et contre la guerre, et avec une démocratie vivante comme méthode.

Les alternatives devront reposer sur des coopérations et des alliances. Elles devront évoluer avec le mouvement (il n'y a pas de vérité figée) et seront le fruit d'expériences de luttes. Il faut bâtir un horizon utopique à partir de la créativité de tous et toutes.

Ces objectifs ont été déclinés au travers d'ateliers consacrés aux différentes crises évoquées plus haut, et aux solutions alternatives que l'on peut bâtir. Ainsi, face aux attaques coordonnées et transnationales contre les retraites, les droits sociaux et du travail, la protection sociale, il faut rebâtir la protection sociale dans son ensemble autour des principes de solidarité et de libre accès aux soins pour tous, et de nouveau statut du salarié et du citoyen, impliquant un revenu garanti suffisant pour vivre, et l'accès et la continuité des droits sociaux pour tous (droit à la retraite, à l'avancement, à la formation, au logement, à la santé, aux papiers), avec ou sans emploi.

Sous-jacente à tous ces objectifs et incontournable se pose la question du financement solidaire de l'accès aux droits et aux biens communs, à partir de la richesse produite, c'est-à-dire la question du partage entre profits et salaires ou revenus des producteurs, brutalement déplacé depuis trente ans vers la rémunération du capital.

En tout, lors de cette université d'été, une douzaine de filières étaient proposées : des luttes sociales à l'altermondialisme ; nouvelles phases du capitalisme, néolibéralisme ; écologie et société ; Europe ; démocratie et droits sociaux ; biens publics mondiaux ; enjeux internationaux ; contre les inégalités, des espaces de résistances ; formation des élus ; pensées critiques et enjeux altermondialistes ; fondements et approfondissements (séances consacrées à des penseurs comme Castoriadis, Gorz, Arendt, Rosa Luxemburg, Honneth, Marx).

    Publié le lundi 1er septembre 2008 par Redaction du Site Article au format PDF Réagir à cet article
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