« Pour une force antilibérale unique » par Rémy Jean, responsable des
Comités unitaires antilibéraux
Alternative au libéralisme
Lalternative est non seulement possible mais indispensable. Possible car le
rejet du libéralisme est extrêmement fort. Il y a un potentiel pour une
alternative quil faut désormais penser à léchelle mondiale puisque lon
constate quen Amérique du Sud des alternatives se mettent en place.
Possible, lalternative est également indispensable car on na jamais vu une
telle offensive antisociale.
Pour que quelque chose change dans ce pays, il faut que la gauche réellement
antilibérale devienne le centre de gravité de la gauche. Pour cela, les
forces antilibérales doivent se regrouper dans une force unique, même sil y
a des sensibilités différentes. On lappelle comme on veut, mais il faut
pour les électeurs quune autre réponse saffirme à gauche. Nous ne devons
pas nous enfermer dans une désespérance liée à léchec des collectifs
unitaires antilibéraux.
La force unique, cest le seul moyen de contester lhégémonie du PS.
Lambition des CUAL, cest de faire tomber les murs. Que faut-il changer
dans le mouvement progressiste pour quil représente une alternative ? Ce
nest pas seulement le programme. Cest aussi une façon de penser et de
militer. Le mouvement doit être capable de dépasser sa propre histoire.
Sinon nous navons aucune chance. Non seulement la droite gagne, mais cest
lorientation sociale libérale qui simpose à gauche. Sur le programme, nous
sommes daccord sur lessentiel. Si nous avions une majorité, nous serions
daccord sur le programme à appliquer. Nous navons pas réponse à tout mais
nous avons des éléments de réponse. Si on veut avoir des réponses
construites, il nous faut un cadre de travail commun. Quest-ce qui nous
empêche de créer ce cadre ? Quest-ce qui empêcherait que la gauche
antilibérale se retrouve pour faire des listes communes aux prochaines
élections européennes ?
Alors, banco pour un front si cela ne se résume pas à un accord de sommet.
Si on ne sappuie pas sur une dynamique citoyenne, cela ne marchera pas. La
proposition dun front est intéressante si elle ne se limite pas aux
échéances électorales.
« Ne pas rater léchéance de 2009 » Par Patrice Cohen-Seat,responsable
national du PCF.
France-Europe : quelle alternative au libéralisme ?
Il y a une aspiration à lalternative en France et dans une majorité de pays
de lUnion européenne qui se traduit par des luttes très importantes. Mais
il faut aussi constater lucidement quil y existe un gros problème avec les
défaites successives des forces de gauche. Il y a quelques années, elles
gouvernaient onze des quinze pays de lUE. Aujourdhui, la plupart ont été
battues. En France, en 2007, la gauche a enregistré son troisième échec
successif à la présidentielle et pour la première fois depuis 1981 il ny a
pas eu dalternance. Javance lidée que nous vivons une crise profonde du
mouvement progressiste. Jy vois deux raisons. 1. La gauche nest pas au
rendez-vous de notre époque. Le monde sest transformé et toutes les
questions appellent des réponses nouvelles. Or la gauche est en panne sur le
projet. Avons-nous des réponses politiques à toutes les questions que
soulève le nécessaire développement de lhumanité ? Par exemple, nous disons
quil faut changer le statut de la BCE. Mais comment sy prend-on
concrètement ? 2. Les forces de gauche nont pas pris la mesure du verrou
que constitue aujourdhui lUE. Dans le monde tel quil est, la construction
européenne devrait être une solution. Elle est un problème. Cest dans la
lucidité sur les problèmes que nous pourrons construire des réponses. Le
pire serait de se voiler la face, de faire léconomie du fond. Pourquoi les
forces progressistes quelles soient communistes ou pas ont-elles été
partout en Europe laminées ? Le problème nest pas que franco-français. Je
suis à lunisson de tous ceux qui disent « faisons ensemble ». Mais on ne
décrète pas de la vie et de la mort des organisations politiques de
lextérieur. Il faut partir de ce qui existe, de la diversité de nos
cultures politiques, avec lambition de construire quelque chose. Pourquoi
ne pas construire ensemble un front ? La construction dun tel front peut
être une étape avant daller plus loin. Pourquoi pas lors des élections
européennes ? Et pourquoi pas un front à léchelle de lEurope ? Je pense
que nous devons avoir avancé dici à la fin de lannée. Si nous narrivons
pas à porter un projet politique européen, nous raterons une occasion
historique. Propos recueillis par Christophe Deroubaix (*) (*) Extraits dun
débat organisé à Aubagne, le jeudi 12 juin.
« Créons un cadre politique commun» Par René Revol, responsable de PRS
(Pour une République sociale)
France-Europe : quelle alternative au libéralisme ?
Pour que la question de lalternative se pose, il faut dabord refuser.
Refuser le traité de Lisbonne car il permet au libéralisme de simposer.
Pour cette raison, PRS sest engagé dans la campagne pour le « non » en
Irlande. Il faut aussi construire. En 2007, nous avons subi une double
défaite (victoire de la droite et la gauche représentée par le
social-libéralisme). On sest fait voler cette élection parce ce que nous
avons été incapables de construire une alternative. La crise du progressisme
européen est réelle, mais pas nouvelle pour autant. Le processus de
mondialisation a sapé les bases mêmes de la social- démocratie qui a
toujours vécu dans le cadre national. La ligne dadaptation a fonctionné
pendant un moment, mais la crise de la mondialisation la fait voler en
éclats. Les réponses de la gauche ne peuvent plus être les mêmes. Que nous
ne puissions plus avoir le même discours productiviste classique de la
gauche sur la crise énergétique, bien sûr Mais il y a une question qui nous
appartient : cest relier la question énergétique à la question sociale.
Alors, où est vraiment le problème ? La base sociale existe : ce que nous
avons noué en 2005 et que nous navons pas su exploiter en 2007 existe
toujours, et la gauche de transformation sociale est majoritaire dans la
gauche. Nous sommes également capables de nous mettre daccord sur une base
programmatique. Ce nest pas lobstacle entre nous. Je pense que si lon
créait le cadre politique, on se mettrait daccord sur le programme. Si nous
nengageons pas le travail et que nous restons chacun dans nos
organisations, lors des prochaines élections européennes, le bulletin de
vote « Besancenot » sera le moyen pour des millions de personnes de dire
leur refus dune gauche sociale-libérale. Sur lEurope, nous avons une
échéance. Laissons les partis faire leur congrès en fin dannée. Après, sil
se constitue un front unitaire des forces antilibérales lors des élections
européennes, jen serai. Il nous faut aussi tendre la main à la LCR pour
quelle participe à ce front. Propos recueillis par Christophe Deroubaix (*)
(*) Extraits dun débat organisé à Aubagne, le jeudi 12 juin.