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Le blog de Pierre Laporte

Blog politique d'informations et d'échanges d'un élu conseiller départemental et maire-adjoint de Tremblay en France en Seine St Denis. Blog basé sur la démocratie participative. Chantier ouvert sur l'avenir de la Gauche.

A Montreuil le PCF commence mal son congrès

Publié le 3 Juin 2008 par pierre laporte in Créer une nouvelle force politique à gauche

 

Chers camarades,

Je rends ce jour mon mandat de secrétaire de la section PCF de MONTREUIL.

J'ai adhéré au PCF en 1993, à l'âge de 20 ans. Il me paraissait clair que la contestation et le dépassement du système capitaliste et de ses conséquences n'étaient possibles que dans un mouvement permanent conjuguant critique et présence dans les institutions pour améliorer la vie quotidienne du plus grand nombre. J'ai tout d'abord milité en Haute- Garonne, à Saint Orens où j'ai participé à la victoire de ce qui est aujourd'hui l'unique mairie communiste de ce département. Mon arrivée à Montreuil en 2000 m'a permis de confirmer cet engagement et de m'épanouir notamment en relançant l'activité des cellules du quartier Paul Signac Murs à Pêches. Par la suite, on m'a proposé en 2002 de devenir Secrétaire de Section. J'ai accepté tout en insistant sur la nécessité de continuer mon métier d'enseignant au lycée Eugénie Cotton. Etre immergé dans la société, au contact avec la réalité sociale m'est toujours apparu indispensable. J'ai essayé de mettre en oeuvre, avec les militants communistes et le comité de section, une démarche qui s'appuyait sur la fidélité aux valeurs de l‘identité communiste et dans le même temps à toujours travailler à l'ouverture. Un parti fier de lui et ouvert à la discussion, allie pour moi le « je » et le « nous » pour favoriser l'épanouissement individuel dans un cadre collectif qui n'opprime pas mais enrichit.

La période historique que nous traversons est marquée par l'accélération de la mise en place d'un capitalisme féroce, financier et mondialisé qui détruit la planète et les ressources, favorise les oppositions entre les humains et risque de conduire à une multiplication des guerres dans un contexte où les gouvernements cèdent de plus en plus de pouvoir aux organismes internationaux et financiers. Dans cette situation, force est de constater que l'alternative politique pour une autre organisation de la société qui favorise la mise en commun et le partage est absente ou au mieux éclatée. Le bipartisme se développe partout en Europe favorisant les renoncements à changer ce système économique injuste et dangereux. En France, à l'heure où le gouvernement et Nicolas Sarkozy remodèlent en profondeur notre système social appliquant une politique de classe au service des plus riches, le choix à gauche se résume de plus en plus à l'accommodement proposé par un Parti Socialiste hégémonique à gauche et à la radicalité sans volonté de changer les choses concrètement incarnée par Olivier Besancenot.

Pourtant, le potentiel existe. La victoire du NON au referendum, les luttes contre le CPE, pour l'école, les sans papiers en sont des illustrations. Une gauche qui veut dépasser le capitalisme tout en prenant ses responsabilités dans les institutions existe dans notre pays. Faire vivre cette perspective doit être le cœur du combat des communistes. Mais comment ne pas voir que nous n'y arriverons pas tout seuls ? Comment penser sérieusement que le rassemblement autour du seul PCF constitue la clé pour offrir une alternative ?

A Montreuil, lors des élections régionales de 2004 puis lors des Européennes, nous avons obtenu des résultats qui ont signifié la remontée de l'influence communiste. Cette démarche s'est prolongée lors du référendum sur la constitution Européenne où nous avons été à l'initiative d'un collectif pour le NON et où nous avons alors su articuler engagement partisan, fierté de notre identité et travail commun avec d'autres forces et individus. Malgré des difficultés, cette aventure aurait du trouver sa concrétisation lors de la présidentielle de 2007 avec une candidature unique antilibérale qui, on le sentait, était en mesure de créer l'évènement et peut être de contester à terme l'hégémonie à gauche à la social démocratie.

Cet élan a été brisé en décembre 2006. A l'époque, comme une majorité de communistes Montreuillois et 10 000 autres communistes, j'avais été en désaccord  avec la décision de notre parti de maintenir la candidature de Marie George Buffet alors que tous les indicateurs annonçaient notre échec. Nous avons à l'époque brisé dans l'œuf un mouvement certes naissant et fragile mais porteur d'espoir pour une partie de la population et grand nombre d'entre nous. J'estime que malgré les erreurs de toutes parts, nous portons une responsabilité plus grande que les autres. Force révolutionnaire la plus importante, il était de notre devoir  de créer les conditions d'une candidature unitaire ayant l'assentiment de tous. J'ai malgré tout, en militant discipliné respectant le vote des adhérents au niveau national, animé la campagne de Marie George Buffet lors de l'élection présidentielle. Le résultat, on le connaît, a marginalisé le PCF, endommagé gravement la convergence entre les forces sociales et politiques et ce, je le crains, pour longtemps. Il s'est de plus accompagné d'un raidissement identitaire : nous nous sommes à nouveau remis à avoir peur des autres, à considérer les plus proches de nous comme nos ennemis, à concevoir notre engagement sous un jour religieux. C'est aussi la période où la fraternité a laissé place à la mesquinerie et aux coups tordus à Montreuil.

Aux élections législatives suivantes, la volonté affirmée de Jean-Pierre Brard de choisir un suppléant socialiste a posé des problèmes politiques de fond. Je me suis activement battu, alertant les instances du parti qui sont restées bien inertes, pour imposer le choix d'un communiste. Alors que nous avions validé collectivement une stratégie pour le faire reculer, y compris en envisageant une candidature alternative, attaques et manœuvres se sont multipliées, organisées par certains communistes. Nous sommes finalement arrivés à nos objectifs mais au prix de profondes brisures.

Les élections municipales ont malheureusement été le couronnement de ce processus. La préparation des listes a été plus que laborieuse : douloureuse. Que l'on se rappelle les difficultés à rencontrer Jean-Pierre Brard, la polémique autour de la venue de Clémentine Autain et sa non présence sur la liste malgré la volonté d'une majorité de communistes et ce qu'elle aurait pu nous apporter comme symbole de modernité, d'ouverture. Que l'on se rappelle encore  les violentes attaques dont j'ai été publiquement la cible de la part de Jean-Pierre Brard, les négociations occultes entre le maire et la direction du parti dont la section n'était jamais informée,  la volonté de Jean-Pierre Brard d'écarter de nombreux communistes de la liste malgré le vote à prés de 92 % des communistes de Montreuil. Tout cela avec le soutien d'un membre de la direction nationale et de ses collaborateurs professionnels qui s'est traduit par l'affaiblissement de la sensibilité communiste sur la ville. De plus, les nombreuses entorses aux règles communes des communistes, l'envoi de courriers inquisiteurs en dehors des instances de direction de la section, les ingérences de la direction nationale ou fédérale, les pressions de toute sorte ont crée la suspicion sur les décisions que nous prenions pourtant collectivement et qui étaient toujours remises en cause dans l'ombre et les tractations de couloir.

Le résultat de l'élection municipale a malheureusement confirmé ce que certains d'entre nous pressentaient. Malgré le soutien du parti Socialiste, la liste d'union de la gauche a été battue nettement par celle de Dominique Voynet. Les analyses ont été divergentes sur la ville : impact de la droite, responsabilité de Jean-Pierre Brard, celle des communistes. Je pense pour ma part que nous avons payé l'usure d'un système politique articulé autour d'un homme seul et l'envie de changement à gauche des Montreuillois. L'analyse de la défaite aurait du nous permettre de reconstruire sur de nouvelles bases en privilégiant le débat.

Au lieu du débat, les attaques personnelles menées par un petit groupe de camarades en assemblée générale, les manœuvres organisées pour procéder à une réorganisation du comité de section à la fin de la réunion de travail du samedi 24 mai où cette question n'était pas à l'ordre du jour et n'avait pas été discutée en amont, l'ambiance détestable, les invectives et accusations, soulignent le délitement dans lequel nous sommes. Tout cela pour la soif de pouvoir d'un petit groupe, pour une reprise en main d'une section « pas assez dans la ligne » avec pour objectif d'écarter des camarades des instances de direction, mettant en cause l'unité dans leur diversité des communistes de Montreuil.

Nous devrions pourtant être instruits des expériences du passé. Des pratiques de ce type ont déjà existé à Montreuil et ailleurs. Les communistes n'en sont jamais sortis plus forts. Contrairement à ce qu'on proclamait autrefois, l'expérience a invalidé l'expression « le parti se renforce en s'épurant ». De nombreux communistes à Montreuil sont lassés de cette guerre interne qui nous épuise et nous détourne des combats à mener et de la défense des intérêts de la population. Pour ma part, je n'ai pas l'intention de dépenser mon temps et mon énergie dans une lutte fratricide qui nous éloigne de l'essentiel. Il n'est plus possible de construire politiquement quand un petit groupe, profitant du découragement et de l'écœurement des camarades face à ces affrontements stériles, refuse les débats de fond pour se concentrer uniquement sur la remise en cause du secrétaire de section. Il est un temps où l'accumulation d'invectives, de calomnies, de rumeurs ne permettent plus le débat serein, le rassemblement des communistes et le climat de fraternité nécessaire à l'action politique.

L'histoire du PCF a toujours été marquée par l'alternance de moments d'ouverture et de raidissement. C'est dans les moments où nous avons su aller vers les autres, avec ouverture, que nous avons été utiles à notre peuple. Ce qui domine désormais c'est la peur, le repli, le retour a des méthodes qui ne sont pas sans évoquer celles des différentes mises à l'index qui ont marqué l'histoire du PCF avec le résultat que l'on sait, un affaiblissement constant. Autant de dérives qui me semblent incompatibles avec mon idéal communiste et qui ne me permettent pas de continuer à exercer sereinement des responsabilités au niveau local dans ce parti auquel je reste pourtant attaché.

La volonté de la remise au pas de la section de Montreuil, avec le concours actif de la direction fédérale et nationale,  est symptomatique de la volonté d'un appareil en fin de cycle de vouloir étouffer toute contestation, toute possibilité d'être communiste par des voies différentes. Il m'est de plus en plus difficile de trouver du sens politique dans un parti dominé par la volonté de reproduction de son appareil et des avantages et positions de quelques uns et non plus par une volonté de transformer la société. On justifie tout pour garder nos derniers bastions : l'union de la gauche à n'importe quel prix, les alliances avec le MODEM...

A Montreuil, je refuse de m'inscrire dans une perspective qui serait l'opposition systématique à la municipalité avec comme chef de file Jean-Pierre Brard. Cette stratégie  a été désavouée par les électeurs en mars dernier, elle serait inefficace pour l'intérêt des Montreuillois. Un nouveau cycle doit s'ouvrir dans la ville pour la sensibilité communiste et la gauche de transformation sociale. Il existe des forces, des militants qui veulent, dans la fidélité à l'histoire de la ville, se projeter résolument vers l'avenir pour permettre à notre ville d'évoluer tout en gardant ses valeurs. Cela ne sera possible qu'avec l'émergence de nouveaux projets, de nouvelles pratiques et de nouveaux visages.

Je quitte donc mes responsabilités, il ne m'est plus politiquement et humainement possible d'assumer mon rôle de secrétaire de section dans de telles conditions. Je refuse de trahir les valeurs pour lesquelles je me suis engagé, je veux garder l'espoir que l'action politique peut changer le monde. Tout en restant membre du PCF, je me consacrerai désormais à faire vivre, à Montreuil et ailleurs, un idéal communiste moderne. Cela passera par un travail commun avec ceux qui, membres du parti, non organisés ou organisés ailleurs, souhaitent, dans le respect des identités de chacun, rassembler toutes celles et ceux qui veulent contester la loi du marché et mettre en place des politiques basées sur le développement individuel et collectif de chaque être humain.

A bientôt donc dans les luttes et dans la vraie vie.

Olivier MADAULE

militant communiste, ex secrétaire de section

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G
Chers camarades du 93, je bosse à Montreuil depuis 10 ans, et je suis militant au PCF dans le XXème à Paris. J'ai vu davantage de communistes dans la rue depuis huit jours qu'en dix ans. "Les mots sont importants" mais les mots, ça ne suffit pas. Par ailleurs, la liberté, comme l'a écrit Rosa Luxembourg, c'est d'abord celle de ceux qui ne pensent pas comme nous. J'aimerai bien entendre quelques voix chez les "refondateurs" et leurs amis (Asensi par exemple)protester contre l'ostracisme intégral dont souffrent dans l'Huma les opposants de la gauche du PCF aux divers projets de mutation, dépassement, aux lignes anti marxistes et anti ouvrières etc, etc. Mais je suis ici sans doute encore plus naïf qu'Olivier Madaule !!!
P
<br /> Dans ton texte il ya des choses que je ne comprends pas et d'autres que je comprends. Je ne comprends pas qu'en tu dis que tu as vu plus de communistes dans la rue depuis huit jours qu'en 10 ans?<br /> Les mots sont importants mais les mots ne suffisent pas, là je ne vois pas qui va te contrarier, cela nécessite de développer un peu, mais c'est assez clair.<br /> Quand a la liberté de ceux qui ne pensent pas comme nous elle n'est pas respectée, d'abord dans la société ensuite chez nous (les communistes). Je suis de ceux qui depuis longtemps demande un autre<br /> fonctionnement du parti mais en vain. Je ne dis pas que tu n'as pas la possibilité de t'exprimer à l'intérieur du parti ce ne serait pas vrai, la question c'est pour quoi faire? Si on insiste<br /> beaucoup des textes passent dans l'huma ou sur d'autres support c'est vrai pour "ta tendance "comme pour la mienne. je dirai même que la base dite commune est plus une base Marchand Marie George<br /> qu'une base commune, donc une partie de tes positions est reprise. Je conçois que cela ne suffise pas à ton bonheur mais alors le nôtre...<br /> <br /> <br />
N
pardon ,encore ce clavier ! la phrase d'ibn khaldoun est que dans la vie ,il ya des gens qui ne voient pas plus loin que leurs nez ! c'est le cas du pcf actuel,mais hier soir à TRMEBLAY ,il ya eu l'espoir d'un autre rapport )à la politique
N
bonour pierre <br /> profonde sympathie pour olivier ,que faire ? a dit l'autre (lénine ).je n'ai pas ouiblié les "larmes de ralite " ,quand marchais à dit herzog ;"entre moi et toi ,il n'ya rien " ,.dechiruree d'un vieux parti ,qui veut mourrir ,en fait . <br /> A Tremblay ,on n'est pas dans le cas de Montreuil ,le parti a une culture plus démocratique ,nous sommes une communauté de destin .A montreuil ,F Asensi a essayé de recoudre les morceaux en soutenant cette belle fille ,intelligente ,et qui est venu dans notre département avec plein d'espoir et d'envie de nous aider .Au lieu de cela ,on a cassé Clementine et Olivier .UNE QUESTION POUR QUELLES VALEURS LUTTONS ET POURQOUI LA POLITIQUE , qu'est que l'homme en défenitive .je crois en une idée d'ibn khaldoun ,grand penseur ,pour lui dans la vie ,il ya des gens qui ne voient plus loin que leurs nez .rideau !