Les élections vont avoir lieu. Les communistes unitaires ont-ils une réflexion sur le pouvoir ?
Les communistes unitaires ont une réflexion et un engagement dans les combats contre toutes les dominations, ils souhaitent être de tous les combats émancipateurs. Ce besoin
est né de la réflexion sur l’échec du socialisme dans les pays de l’est de l’Europe ainsi que du constat des combats manqués dans notre pays. Réduire le combat politique à
‘appropriation des moyens de production sans pousser jusqu’au bout la démocratie conduit à de tragiques échecs.
Par contre à l’inverse négliger dans les combats d’aujourd’hui la question de la propriété économique serait nous réduire à l’impuissance.
Quand vous évoquez les questions de pouvoir je pense que vous voulez particulièrement aborder celle du pouvoir lié à la fonction élective. Il faut à la fois percevoir que ce pouvoir est réel
mais aussi relatif.
Pas seulement parce que les fonctions électives ne sont pas toutes de la même importance mais parce que trop focaliser sur celui-ci peut nous faire oublier que le pouvoir de la finance, des
grands groupes est souvent au moins aussi déterminant dans la politique de la cité, du pays.
Mais la question n’en est pas moins fondamentale d’autant que l’on voudrait nous faire croire que notre démocratie représentative est la forme achevée de la démocratie ce qui est faux.
Mais rendre les citoyens acteurs, est ce possible ?
Il me semble que la question mérite précision, des citoyens acteurs nous en voyons au quotidien, dans les associations, je dirai même que les conseillers municipaux sont des citoyens-acteurs,
les jeunes qui manifestent contre le CPE également, historiquement on pourrait aborder le rôle des résistants durant la guerre et tant d’autres exemples.
Mais votre question concerne la démocratie participative à tous les niveaux, Europe, France collectivités territoriales.
Précisons encore, est-il possible aujourd’hui de gérer des collectivités locales par la démocratie participative en construisant, les grandes orientations et décisions de la politique du
conseil général ou de la municipalité avec la population. Il ne s’agit pas de décisions partielles, de formes temporaires, qui existent déjà mais d’un travail en continu sur l’ensemble de
la politique.
C’est indispensable mais comment ce qui paraît une utopie peut être rendu possible ? Le niveau d’instruction de la population, les nouveaux moyens de communication peuvent y contribuer mais
c’est la dimension humaine qui est déterminante, c'est-à-dire un travail d’éducation populaire, la liaison entre le vécu quotidien et les grandes orientations politiques. Il faut également que
les collectivités s’adaptent à ce nouveau mode de travail ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Pour le rendre possible il faut entamer sans tarder un long processus de recherche et
d’expérimentation, nous ne partons pas de rien, nous avons des acquis. Mais il faudrait aussi développer la question de la démocratie dans l'entreprise pour être cohérents et pleinement
efficaces.
Alors que la conquête des postes semble guider la plupart des candidats, peut on se présenter aux élections avec un autre objectif ?
Cette question prend une grande importance aujourd’hui. Au moment ou le parti communiste est marginalisé du fait de son incapacité à se révolutionner lui-même parce que toute pensée
révolutionnaire est étouffée par la nécessité de préserver avant tout l’appareil. Le PS quant à lui accélère sa mutation en parti libéral prenant Tony Blair comme modèle. Cette mutation
s’accompagne d’une perte de substance de sa parole politique, il critique la forme des réformes de Sarkozy mais ne dit rien du fond en ne proposant aucune alternative. Le plus caractéristique
c’est l’appel au boycott du parlement qui sous des formes donnant l’illusion d’un combat, cache l’accord de fond avec le gouvernement sur le dos du suffrage universel. Cette perte de
substance du politique nous fait assister à la multiplication de candidats qui n’ont plus d’objectif de transformation de la société, ils ne pensent qu’à la prise de pouvoir. Ce n’est pas
l’attitude de tous les socialistes, nombreux sont ceux qui ne supportent plus cette déliquescence.
Un projet écologique, solidaire, social, est il applicable dans les conditions actuelles ?
Un tel projet est évident, indispensable, vital, nécessaire mais ce genre de projet ne parait jamais possible, les congés payés étaient impensables quand ils ont été décidés.car ces changements
nécessitent de penser, de vivre la société différemment. C’est pour cela qu’un autre monde est possible maintenant.
Sur l’initiative « rouge banlieue « qui a été rendue publique peux-tu nous en dire plus ?
Le but de cette initiative est tout simplement de montrer ce que nous avons réalisé dans ce département avec la population. Des lieux de culture crées, le cinéma public que nous
avons défendu souvent seul. Des combats ouvriers et des conquêtes sociales.
Ont-ils pour certains oublié leur politique de classe avec des salaires de misère, la casse des entreprises et le chômage massif, leurs guerres coloniales et les travailleurs que
l’on faisait venir en masse dans nos usines et vivre dans des bidonvilles ?
Non si notre bilan n’est pas parfait il est tout autre que celui que l’on nous prête et surtout il prouve que le peuple, la jeunesse si l’on s’en donne les moyens ont des potentiels
extraordinaires qui ne demandent qu’à éclore. Une autre société est possible elle est perceptible aujourd’hui là même ou le quotidien est parfois dur.
Le rassemblement des antis-libéraux se fera-t-il à cette occasion ?
Non, clairement non, mais un basculement est possible car le PS est entrain de mettre à mort « l’union de la gauche » qui a structuré la vie politique depuis des décennies
Et qu’elle construction unitaire de la gauche est-elle envisageable ?
La décomposition politique s’accélère, alors qu’elle recomposition politique à gauche ? En la matière il est difficile d’être devin. Mais les individus, dans et hors partis, qui souhaitent
cette recomposition sont plus nombreux et certainement plus déterminés que ceux qui souhaitent voir triompher l’esprit de boutique des partis sur la nécessaire transformation de la société.
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