Vues de la conférence de presse J.Ralite, P Beaudet, F Asensi, S Gatignon
Rouge banlieue.
Nous soussignés sommes des producteurs de villes en Seine-Saint-Denis
1er créateur d’emplois et 2e pôle universitaire de l’Ile-de-France,
5e département français pour son produit intérieur brut. Il s’agit bien de la Seine-Saint-Denis ! Un département producteur de richesses, de plain-pied dans la modernité qui
rivalise de créativité et d’inventivité dans tous les domaines.
La Seine-Saint-Denis véhicule aussi l’image de territoires en difficulté, en proie à la grande pauvreté. Les gouvernants en ont fait le bouc émissaire des maux qui affectent et inquiètent notre
société dans son ensemble. Ils ont fait le choix de la fracture territoriale, d’une redistribution inégalitaire des richesses et de la stigmatisation des populations alors que l’accumulation des
biens s’affiche avec tapage dans les départements de l’Ouest de l’Ile-de-France. C’est inacceptable… mais pas inéluctable !
Si notre département souffre comme tant d’autres du mal-être urbain et de l’affaiblissement du lien en société, il s’appuie sur des énergies et des potentialités humaines hors du commun,
ouvriers, techniciens, ingénieurs, professions médicales, associations, entrepreneurs, artistes, sportifs, engagés dans le mouvement des idées de la société contemporaine. Et sur des
traditions de courage, de travail et de luttes propres à forger un nouveau monde d’émancipation pour les individus, d’égalité et de diversité sociales. Un monde juste où les destins des êtres ne
sont plus séparés par des lignes infranchissables, où les fruits du travail sont partagés.
Maires communistes, c’est cet esprit de justice qui a guidé et qui inspire, tous les jours, notre action dans nos villes. Producteurs de ville, nous avons accouché la Seine-Saint-Denis d’un
patrimoine d’excellence au rayonnement régional et national.
Notre bilan : A Saint-Denis, le Stade de France a donné le départ de la renaissance de la Seine-Saint-Denis. Rencontres sportives et grands spectacles ont imposé son influence
culturelle. Le Pôle de l’Image et les industries graphiques. La mode et les musiques urbaines. Des scènes prestigieuses : Théâtre Gérard-Philippe, Théâtre de la Commune, Maison de la Culture
93. Une floraison de cinémas de ville créés en rupture avec les industries de la distribution qui avaient abandonné toute culture cinématographique dans le département. Une éclosion de
festivals : le jazz avec Banlieues bleues, musique à la Basilique de Saint-Denis, les Rêveurs éveillés à Sevran, les arts du cirque à Tremblay-en-France… Le Collège de France invité à
Aubervilliers ; son musée éphémère. Dans nos villes, nous initions et encourageons le développement des biens et des services, l’aménagement de pôles d’activités économiques et industrielles
innovantes : La rénovation des Magasins généraux et l’arrivée du métro à Aubervilliers, la naissance d’un nouveau quartier à la Porte d’Aubervilliers, la dépollution de la Friche Kodak et le
classement du Parc de la Poudrerie à Sevran, le Pôle de développement international de l’Aéroport Charles-de-Gaulle Sud à Tremblay-en-France.
Nous savons que nous sommes sur des territoires en souffrance. L’énergie de nos villes réclamait de la considération, de la reconnaissance, une chance. Animateurs de l’action publique dans
ces municipalités, nous n’avons cessé de leur donner une force créatrice, positive, constructrice. La banlieue, ses responsables politiques et associatifs comme tous ses citoyens ont ainsi réussi à
forcer la reconnaissance qu’on leur refusait. Nous pouvons désormais nous engager dans ce grand mouvement dont nous esquissions les traits il y a près de 20 ans, dans un texte si ce n’est
fondateur, tout au moins prémonitoire : « La banlieue veut tout ».
Aujourd’hui, la banlieue peut tout ! Nous sommes pleinement dans le XXIe siècle et sa modernité. Nous sommes les contemporains d’une nouvelle mutation de la civilisation humaine :
l’intelligence artificielle, l’ingénierie de l’infiniment petit, le développement durable, la mondialisation sont des bouleversements d’une ampleur comparable à la révolution industrielle du XIXe
siècle.
Les enjeux posés par cette mutation sont éminemment politiques. Etre dans ce mouvement du monde, c’est assumer pleinement ce que sont nos cités, des ville-mondes. Favoriser et développer les
nouveaux modes d’actions politiques qu’elles attendent, c’est construire une nouvelle citoyenneté. Notre visée : nous inscrire dans le mouvement du monde et de ses échanges, les réorienter
vers des finalités humanistes. De même que la modernité démocratique ne peut être séparée des valeurs de liberté et d’égalité, de même fait-elle système avec la culture de la vie meilleure et de
l’émancipation des individus.
Fier de nos réalisations, nous voulons relever le défi posé par la Modernité. Ou celle-ci se retourne sur elle-même, en se faisant injustice, inégalité et autorité. Ou bien, elle prend la
voie que nous avons choisie : droit à l’émancipation, démarches participatives de gestion, coopérations décentralisées. Ou nous choisissons une République des bastions, des corporations et des
clientélismes, où chacun s’affronte en batailles stériles et dangereuses pour une identité perdue. Ou alors nous nous engageons dans une République qui assume ses métissages, et les encouragent,
leur donnent place, reconnaissance et visibilité. C’est sur ce chantier d’une République véritablement démocratique que s’engagent les producteurs de ville que nous sommes.
Ces idées ne nous appartiennent pas. Elles se partagent entre tous ceux qui ont une ambition de justice et de réussite pour ce département. Rejoignons-nous ! Du débat constructif qui
naîtra et sur les bases de notre volonté commune, nous engagerons l’avenir que nous souhaitons tous pour la Seine-Saint-Denis.
Ici se construisent les Villes et la société de Demain.
François Asensi
Député
Maire de Tremblay-en-France
Pascal Beaudet
Maire d’Aubervilliers
Stéphane Gatignon
Maire de Sevran
Conseiller général
Didier Paillard
Maire de Saint-Denis