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Inauguration symbolique de la place Fanny Dewerpe aujourd'jui à Montfermeil.
Christian Brickx :
"Lorsque nous avons réfléchi - en février - à une initiative possible autour du 8 mars, journée de la femme, l’idée de baptiser une rue, une place afin d’honorer une femme locale célèbre et son combat a fait l’unanimité. Aussitôt le nom de Fanny Dewerpe s’est imposé. Nous venions d’organiser une cérémonie commémorative au nouveau cimetière de la rue des Moulins le 8 février dernier et son nom était encore présent à notre esprit.
Rappelons une fois encore le tragique destin de cette femme, que nous honorons ici, et de sa famille,
Fanny Dewerpe, Montfermeilloise de 31 ans, mère d’un garçon de neuf ans, est morte le 8 février 1962, à son arrivée à l’hôpital Saint-Louis.
Fanny durant sa vie participera aux activités de l’UJRE (Union des juifs pour la résistance et l’entraide) et de l’ACCE. Sa famille avait été décimée par les nazis. Elle avait échappé aux rafles durant la guerre.
Elle était secrétaire Sténodactylographe. Militante du PCF et du Syndicat des employés et ouvriers du Commerce CGT de la Région Parisienne.
Ce 8 février 1962, elle était à ce rassemblement accompagnée du souvenir de son mari André, mort des suites des violences policières subies en 1952, lors d’une manifestation contre la venue en France du général Ridgway, symbole de la guerre menée par les Etats-Unis en Corée.
Mais j’ai bien envie d’associer le prénom de Fanny à celui de Delphine, petite fille de 4 ans. Je vous rappelle les faits, cet épisode de la guerre d’Algérie :
Delphine Renard fut la victime de la bombe qui visait le domicile d’André Malraux. Le 7 février 1962, les éclats de verre déchiraient l’œil droit de la fillette et son calvaire indigna la France.
Le lendemain les syndicats CGT, CFTC, FEN, SNI et UNEF et les formations politiques de gauche appellent à une manifestation "contre le fascisme" et "pour la paix en Algérie". Malgré l’interdiction du préfet de police Maurice Papon, le rassemblement a lieu. Au soir du 8 février, alors que les 20.000 manifestants commencent à se disperser, les policiers reçoivent pour consigne de les "disperser énergiquement". La police charge le cortège près de la station de métro Charonne en les matraquant et en leur jetant des grilles d’arbres. Huit personnes, matraquées ou étouffées, trouveront la mort à l’entrée du métro. Une neuvième décédera de ses blessures. On parlera aussi de 200 à 250 blessés. Les morts étaient tous syndiqués à la CGT et huit d’entre eux membres du PCF.
Les responsables de ce crime on les connait. Ils s’appellent :
- Maurice Papon, préfet de Police en 1962 dont on sait la responsabilité dans la déportation des juifs de Bordeaux. - Roger Frey, ministre de l’intérieur, Michel DEBRE 1er Ministre et excusez du peu, Charles de Gaulle, président de la République.
Fanny Dewerpe a été assassinée en défendant la liberté et la paix."
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Angélique Planet-Ledieu
"En inaugurant symboliquement cette place du nom d’une montfermeilloise, ancrée dans l’histoire locale,
nous saisissons cette occasion pour vous rappeler le résultat récent d'une étude de l'ONG Sorptimist qui démontrait que 2% seulement des rues en France portent des noms de femmes, dont une cinquantaine celui de Jeanne d'Arc…
Cela dénote une certaine vision de l'histoire de France, dont les femmes sont absentes, alors qu'elles ont, elles aussi, assumé leur devoir. Elles ont, elles aussi, porté des combats politiques forts, elles ont milité et marqué l'histoire.
Alors nous avons choisi de rebaptiser cette place des marguerites, sans prendre la place d'un autre citoyen, pour pousser à la réflexion.
Cela nous pose la question de la visibilité des femmes, dans les lieux publics, dans l'action publique, dans la vie politique notamment, où quand les hommes sont PERES, les femmes sont MAMANS, ramenées à leur rôle maternant, bien trop souvent infantilisant.
C'est penser au harcèlement de rue, combat du quotidien, qui oblige les femmes à imaginer les réactions des autres avant de penser à soi. Aux récentes informations de viol dans les transports en commun, d'attouchements, sans qu'aucun réagisse. C'est imaginer, ensemble, comment nous pouvons, femmes et hommes, lutter contre ces agissements, chacun selon ses moyens. 75000 viols par an. 10000 plaintes. Et un relais dans les médias particulièrement misogyne. Nous pouvons malheureusement donner mille exemples de notre société patriarcale et de la culture du viol qu'elle véhicule.
C'est rappeler le droit fondamental des femmes à disposer de leur corps. Sans réserve. Sans "oui, mais...". C'est lutter pour que les moyens alloués aux plannings familiaux et aux centre médicaux pratiquant l'IVG cessent de diminuer. C'est dire que si c'est un droit aujourd'hui, rien n'est jamais définitivement acquis, tant d’autres ont été rognés.
C'est ne pas lâcher le combat pour l'égalité des salaires, l'égalité des chances. En déconstruisant notamment les stéréotypes liés au genre, pour permettre à chacun de devenir qui il souhaite, sans rôle social assigné d'office, ouvrir les perspectives. C'est regretter les reculades du Gouvernement pour les ABCD de l'Egalité, car cela devenait trop compliqué d'expliquer aux citoyens les enjeux de fond. Alors que dans le même temps tout le monde s’accorde pour dire que la gestion du quotidien pèse plus sur les femmes que sur les hommes, et que cela est une profonde injustice.
Les femmes sont les premières victimes du capitalisme : emplois mal payés, temps partiels subis, difficultés liées au logement. Les familles monoparentales sont le plus souvent des mères avec enfants (85% des cas), et seuls 50% de ces mères occupent un emploi à temps plein.
Lutter pour les droits des femmes c’est lutter pour une société plus juste, plus solidaire. Lutter contre « le plafond de mère » que subissent les femmes dans l’accès à l’emploi ou à leur retour de congé maternité.
L’égalité par essence n’accepte aucune domination, aucune soumission, aucune exploitation.
La laïcité seule, garantie aujourd’hui à chacun et chacune la nécessaire liberté pour s’épanouir et faire ses choix.
Le Front de Gauche se bat, ici et ailleurs en Europe, pour que l’égalité avance. Parce qu’ici, comme ailleurs en Europe, chaque jour, des entraves sont imposées et des reculs sont observés.
Être féministe, ce n’est pas un gros mot, c’est au contraire une notion bien vivante, un principe du quotidien. Chacun de nous doit rester attentif, au-delà de ses engagements quotidiens, ou je dirais même dans chacun de ses combats quotidiens, au traitement que nous réservons à la place des femmes et aux droits des femmes.
Je finirai, pour à nouveau relier Fanny Dewerpe avec notre journée pour les droits des femmes et la triste réalité du Monde d’aujourd’hui avec ce constat : les femmes sont les victimes des guerres passées et actuelles : enlèvements, viols, violences. Comment imaginer lutter pour les droits des femmes sans lutter pour un monde en paix ?
Cet idéal de monde en paix pour lequel Fanny Dewerpe a été assassinée."
Dominique Dellac a partagé la publication de Montfermeil - Front de Gauche.
14 h ·
Fanny Dewerpe, Montfermeilloise, se battait hier pour un monde plus juste et plus fraternel, un monde qui donnerait à chacune et à chacun sa place... Comme nous aujourd'hui, animés par la même nécessité absolue de promouvoir et de faire vivre avec force ce qui fait la République : liberté, égalité, fraternité. Et laïcité. Aujourd'hui, à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, nous avons rebaptisé la Place des marguerites.