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Le blog de Pierre Laporte

Blog politique d'informations et d'échanges d'un élu conseiller départemental et maire-adjoint de Tremblay en France en Seine St Denis. Blog basé sur la démocratie participative. Chantier ouvert sur l'avenir de la Gauche.

Les plumés de l’austérité se rebiffent !, Michel BOURGAIN Maire de L’Île-Saint-Denis et Azzedine TAÏBI Maire de Stains (Libération 26/11/2014)

Publié le 26 Novembre 2014 par Pierre Laporte

Les plumés de l’austérité se rebiffent !, Michel BOURGAIN Maire de L’Île-Saint-Denis et Azzedine TAÏBI Maire de Stains (Libération 26/11/2014)

Après le débat d'orientations budgétaires du département, la marche du 15 novembre contre l'austérité, le combat contre cette dernière se poursuit. Mon ami Azzedine Taïbi maire de Stains en grève, signe, avec Michel Bourgain, maire de l'Ile-Saint-Denis, une tribune dans Libération, alors que les maires de France, réunis en congrès Porte de Versailles s'insurgent contre l'impasse budgétaire confirmée hier par le Premier Ministre.

TRIBUNE

Si nous avons dû lancer avec les élu-e-s et les habitant-e-s de nos villes de Seine-Saint-Denis le mouvement des «plumés de l’austérité», c’est pour trois raisons : démocratie, justice, urgence.

Journée de grève, installation d’un faux péage à une entrée de la ville, envoi de grimaces au ministre des finances, photos du conseil municipal dans le plus simple appareil (ou presque)… Est-il du rôle des maires de se transformer en agitateurs ? Si nous avons dû lancer avec les élu-e-s et les habitant-e-s de nos villes de Seine-Saint-Denis le mouvement des «plumés de l’austérité»(1), c’est pour trois raisons : démocratie, justice, urgence.

La démocratie

Par les voies classiques, nous n’avons pas été entendus. 13 000 villes ou intercommunalités ont voté des motions contre la baisse programmée de 11 milliards des dotations budgétaires de l’Etat. Le gouvernement n’en a pas tenu compte. Est-il indécent de rappeler que la majorité politique qui dirige le pays s’est engagée à écouter et non à ignorer l’avis ainsi qu’à améliorer et non à dégrader la vie des couches populaires ? Ce refus d’entendre est un nouveau signe de la crise profonde de la démocratie. On voit d’un côté les lobbies de l’argent – actionnaires, rentiers, financiers et autres spéculateurs – obtenir gain de cause à tous les coups. De l’autre, le mouvement populaire n’être jamais entendu. Comment ne pas comprendre que la jeunesse - à Sivens, à Notre-Dame-des-Landes, dans les lycées ou les entreprises – entre en révolte face à cela ? Le gouvernement ne prépare-t-il pas de nouveaux drames et de nouvelles catastrophes dans les urnes ?

La justice

La seconde raison est notre sentiment d’injustice. Les collectivités locales n’ont aucune responsabilité dans le déficit du budget et dans la dette de l’Etat. Pourquoi leurs administré-e-s auraient-ils à payer la facture du train de vie extravagant des ultra-riches ? C’est aux banques et aux multinationales de rembourser les cadeaux qu’elles ont reçus de l’Etat. Les citoyen-ne-s, qu’ils soient salarié-e-s, privés d’emploi ou retraités, subissent déjà l’austérité dans tous les domaines, comme contribuables, usagers, parents, assurés sociaux. Début 2014, ce fut l’augmentation de la TVA. Avec nos populations, nous refusons de subir l’austérité, cette fois encore, comme habitants et élus. C’est pourquoi nous nous révoltons sous ce slogan : «les plumés de l’austérité se rebiffent !».

L’urgence

Enfin, la troisième raison est tout simplement vitale. Les collectivités territoriales assurent près de 70% de l’investissement public du pays. Porter un tel coup aux budgets des collectivités, c’est asphyxier encore plus l’économie. C’est grossir le chômage. C’est dégrader la qualité des services publics reçus par 66 millions d’usagers. C’est fragiliser le tissu associatif, accentuer les inégalités entre les villes, supprimer les moyens pour la nécessaire transition écologique. Cette décision est encore plus insoutenable pour les villes pauvres comme les nôtres. Nos habitants sont ceux qui souffrent le plus des effets de la crise économique et écologique et nos villes sont en premières lignes pour les soutenir au-delà de la survie dans leurs besoins essentiels. Or, depuis des années déjà, l’Etat s’est retiré du financement de bien des projets. Depuis des années, nous faisons des économies. Si des villes ou des départements plus riches (à quand une vraie péréquation ?) ont encore de «la graisse», ce n’est plus notre cas. L’image des plumés le dit bien : nos finances n’ont plus que la peau sur les os. Nous n’avons plus de décisions de confort. Très concrètement, cette baisse, ce sont des écoles qui ne seront pas construites, des rues qui ne seront pas rénovées, des enfants qui n’auront pas d’éducateur, des colonies de vacances qui fermeront, des familles qui ne seront pas dépannées pour payer leur facture d’électricité.

Parce qu’il est temps que le gouvernement nous entende, nous invitons les centaines de milliers de «plumés de l’austérité» à se rebiffer. L’heure est à la mobilisation contre cette baisse injuste pour les usagers des services publics et dangereuse pour l’égalité, la solidarité et l’écologie.

(1) http://lesplumesdelausterite.wesign.it/fr

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